lundi 22 avril 2013

Droguer Po


Samedi soir. Il faut que je fasse une sieste si je veux être en mesure de survivre à ma longue soirée. Ça commence avec un show de Menace Ruine, et ça finit avec la fête de Hulie à La Remise. Dans un moment de grande fatigue, je songe un instant à laisser tomber le show, mais j’ai vraiment envie de découvrir ce band que Mathieu et Darnziak me vantent avec enthousiasme. Et puis c’est Mathieu qui m’invite, alors les raisons financières n’entrent pas dans la balance. Bon, fuck le dilemme, je me couche. Avec Po. Sauf que Po n’a pas l’air de vouloir dormir. Elle est au plus fort de son high de buprénorphine, et ça lui fait des pupilles full dilatées, grosse face de hibou inquiet, et elle tient à demeurer sur la serviette que j’avais placée la veille au pied de mon lit. Sa serviette. Précieuse serviette. Pourquoi tu viens pas me voir, Po? Tu pourrais au moins te coucher? Non. Elle reste assise et fixe des choses qui n’existent pas. Je finis par m’endormir. Quand je me réveille, mon regard se pose aussitôt sur Po, toujours assise sur sa fucking serviette, et je réalise que ça fait au moins une heure et demi qu’elle est dans la même position, au même endroit, le regard perdu dins vapes.

Menace Ruine joue seulement vers 23:30, ça me laisse le temps de manger et de bien me réveiller. Et ça laisse le temps à Po de dégeler. Elle peut enfin ronronner! Pour une raison que j’ignore, elle ne ronronne pas quand elle est droguée. Elle semble apprécier les caresses, se tortille, pétrit dans les airs et se frotte la face avec sa patte, mais elle ne ronronne pas. C’est toujours très étrange pour moi de flatter un Po non vibrante. J’imagine que c’est encore plus étrange pour elle d’être dans cet état…

Po et la droye

Mathieu arrive chez moi pour qu’on se rende ensemble à la Casa del Popolo. Il m’avait proposé de payer mon entrée, il sait que j’ai pas trop de cash ces temps-ci, et avec mes dépenses imprévues de la veille, il me reste environ trois piasses de monnaie. Mais c’est pas grave, j’ai deux reins fonctionnels.

On retrouve vite Darnziak dans la petite foule de 50-60 personnes. Impossible de s’entendre parler. Le gars qui fait la deuxième partie, Oneirogen, joue fort en sale, ça me fait vibrer le squelette. Derrière Mathieu, une fille au visage magnifique. Des yeux de Jennifer Connelly. Menace Ruine commence à jouer. Sont tout en cheveux. La chanteuse est impressionnante. Musique envoûtante. J’aurais pu tomber en transe si le show avait été un tout petit peu plus long. Je regrette pas d’être venue, c’est une maudite belle découverte, et une expérience de show comme je les aime. Je me sens privilégiée d’être là.

En marchant vers La Remise, Darnziak et Mathieu parlent de chars. Moi, je dis rien pis j’en profite, parce qu’entendre mes deux geeks parler de chars, c’est crissement inusité. Mathieu a même utilisé un vocabulaire de char, mais j’ai oublié les mots. Une fois à la taverne, on se fait dire que la place est pleine, qu’on ne pourra pas rentrer. Meh. C’est pas La Remise que j’ai connue, ça! Bon, on va-tu chez moi? J’ai pas envie de glander dehors au frette. Finalement, la madame nous laisse entrer. Ouh, c’est vrai que c’est loadé d’humains. Pas sûre que je vais toffer ça longtemps. Tout le monde est saoul, certains à un stade qui laisse des blackouts et des lendemains douloureux. Luc Chicoine est là. Il se rappelle qu’on était supposés chanter Kiss de Tom Jones il y a deux ans, ça fait qu’il nous met sur la liste. Hulie touche pas à terre, Ranger danse comme une bête, Choukri lance des rayons laser avec son coeur. Tout le monde est là, même le soundman de Fred Pellerin. Mais j’ai manqué Angélique, elle est partie juste avant mon arrivée. Je suis trop épuisée pour suivre le rythme, mais j’essaie d’aller chercher mes réserves d’énergie cachées. Je me retrouve même à chanter du Éric Lapointe avec Alexie pis Bock. C’est moi qui est fêtée, mais j’ai quand même droit à un cadeau! Hiiiiii! Ranger m’a trouvé des mini-livres au Village des voleurs : Guide des calories pour plus de 1000 aliments (je veux les apprendre par coeur), Trucs de tatouage (hiiiii!), Trucs des soins et des urgences à la maison, un guide gratuit à l’achat du 7Jours (je sais maintenant comment réagir en cas d’accouchement inopiné) et J’ose parler de Monotonie, j’ose, j’ose et j’ose! (on a remarqué qu’il y a un coin de page plié à Lecture érotique). Wow! Si c’était pas la fête de Hulie, je crierais comme une enfant C’EST MA FÊTE. Oh, c’est notre tour de chanter! Comme toujours, Luc Chicoine kicke des culs au micro. Je sais pas si c’est parce que Luc Chicoine chante trop fort ou si c’est parce que mon micro était fermé ou si ma voix ne porte pas, mais il paraît qu’on m’entendait pas. Moi j’dis : tant mieux. J’ai eu du fonne pis j’ai pas cassé les oreilles de mes amis.

Autre fait inusité, Mathieu pis moi on quitte avant la fermeture. On rentre à pied en discutant de la vie et la mort, de la vie surtout, et Mathieu me dépose chez moi avant de prendre un Bixi.

Po est couchée sur le lit de Ringuette. Aon. Bon, c’est l’heure de sa dose de buprénorphine. Hop, une tite shot dans la gueule, yarque caca ça goûte pas bon. Je m’endors en lisant le dernier Blais, Po est couchée sur mon lit, sur sa serviette, les yeux en deux piasses.


Dimanche matin. Po ronronne fort dans mes bras.

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